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Histoire

Ô ! Dieu soit loué. Et se porte-t-elle bien ? De grace, Madame, instruisez-moi, je languis de savoir des nouvelles de ma chere Miss Byron.

Elle sera mariée dans peu, Émilie.

Mariée, Madame !

Oui, mon Amour ! à votre Tuteur, mon enfant.

À mon Tuteur, Madame !… Mais… J’espere donc…

Je l’ai informée d’une partie des circonstances. La chere fille s’est efforcée de marquer de la joie, & n’a pu retenir un torrent de larmes.

Vous pleurez, mon enfant ? ô fi ! Êtes-vous fâchée que Miss Byron ait votre Tuteur ? J’avois cru que vous aimiez Miss Byron.

Je l’aime en effet, Madame, & plus que moi-même, s’il est possible… Mais la surprise, Madame… Réellement, je suis bien aise… Pourquoi donc fais-je la folle ? En vérité, je suis fort aise… Qu’est-ce donc qui me fait pleurer ? Je m’en étonne ! C’est ce que j’ai souhaité, ce que j’ai demandé nuit & jour au Ciel. Chere Madame, ne le dites à personne ; j’ai honte de moi-même.

La charmante Fille ! elle est parvenue à sourire, au travers de ses larmes. Cette innocente sensibilité m’a vivement touchée ; & si vous n’y preniez pas plaisir aussi, je perdrois quelque chose, ma chere, de la bonne opinion que j’ai de vous.