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Histoire

core à régler. Les nouvelles Fêtes me parurent donc un mystere, qui me surprit sans me chagriner. D’ailleurs mon incertitude dura peu. Après avoir quitté la Marquise, Sir Charles me dit que l’Édifice du Parc étoit achevé ; qu’il ne pouvoit desirer une plus belle occasion, pour en faire l’usage auquel il m’avoit appris qu’il le destinoit ; que la santé de notre chere Marquise, lui en donnant le pouvoir, il étoit résolu de ne pas remettre la Fête plus loin que le jour suivant ; & qu’il me prioit de partager avec lui le soin de quelques arrangemens qui restoient à faire. Je lui promis tout mon zele. En effet, je passai hier l’après-midi & le soir même à suivre le plan qu’il m’avoit tracé.

Cependant notre Émilie trouva le moyen de me dérober quelques momens. Le mouvement continuel où j’avois été, & le transport secret de divers meubles, que l’usage qu’elle a du château lui avoit fait remarquer, ayant échauffé son imagination, elle s’étoit figuré, d’après le discours de Sir Charles, combiné avec la promesse de Clémentine, que les trois mariages devoient être célébrés aujourd’hui, & qu’on se faisoit un amusement de la tenir dans l’ignorance du sien. Elle vint assez tard à ma chambre, & par quantité de questions, entremêlées de flatteries & de caresses, elle parvint à me faire comprendre ses doutes. J’étois fatiguée & prête à me mettre au lit.