Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 4, 1763.djvu/443

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
237
du Chev. Grandisson

poussa mille sanglots, en lui baisant les mains, qu’elle arrosa de ses larmes. Ensuite, remarquant que le Prélat & le P. Marescotti étoient en prieres d’un autre côté, elle se leva brusquement, pour aller prendre la même posture auprès d’eux. Jamais les témoignages de la douleur & de la piété ne furent plus vifs & plus touchans. Toute cette scène lugubre fut accompagnée d’un silence, qui en redoubloit l’horreur.

Cependant M. Lowther s’empressoit, autour de la Marquise, pour ranimer le peu de forces qui lui restoit. Les apparences d’insensibilité durerent une heure entiere. Enfin les Élixirs & les sels eurent quelque effet. Elle retrouva un rayon de connoissance, mais avec tant de foiblesse, qu’à peine étoit-elle capable d’ouvrir les yeux. Elle nous apperçut néanmoins. Elle vit sa Fille qui s’étoit aussi-tôt rapprochée de son lit. Alors l’amour maternel lui rendant la force de tendre la main vers elle, & d’ouvrir la bouche pour prononcer quelques mots, elle lui dit, d’une voix languissante : chere Fille ! idole de la tendresse d’une Mere ! je meurs, vous le voyez ; ne rendrez-vous pas mes derniers momens heureux ? Vous savez à quoi j’aspire, pour votre bonheur & pour le mien. Clémentine, pénétrée jusqu’au fond du cœur, pencha la tête sur la main qu’elle avoit reçue des deux siennes, & ne put répondre que par des larmes. Quoi, ma Fille ! Reprit la Marquise, avec un nouvel