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Histoire

flige un peu que par pitié apparemment pour ma foiblesse, lui donnerai-je ce nom ? pour une foiblesse si mal cachée, vous m’excitiez à la joie, sur ce qu’il peut arriver [car ce n’est qu’une conjecture] qu’après avoir fini ses affaires, & n’ayant plus rien qui l’occupe, cet excellent homme me rende une visite en Northampton-Shire. Ô chere Cousine ! croyez-vous donc que son absence & la crainte de le voir Mari d’une autre femme ayent été la cause de mon indisposition ? Et seroit-ce dans cette idée, qu’à l’occasion du changement imprévu de ses affaires d’Italie, vous me recommandez tout d’un coup de me porter mieux ? Sir Charles Grandisson, ma chere Cousine, peut nous honorer de sa visite, ou s’en dispenser, suivant son gout : mais quand il se déclareroit mon Amant, comme vous le dites, je n’en ressentirois pas autant de satisfaction que vous semblez vous y attendre, si le sort de l’excellente Clémentine n’est pas heureux. Qu’importe que le refus vienne d’elle ? N’est-ce pas le plus grand sacrifice qu’une femme ait jamais fait à sa Religion ? Ne reconnoît-elle pas qu’elle l’aime encore ? & n’est-il pas obligé, forcé, de l’aimer toute sa vie ? Mon orgueil demande ici d’être considéré pour quelque chose. Votre Henriette n’a-t-elle donc qu’à s’asseoir, & se croire heureuse d’une seconde place ? Cependant je vous avouerai, ma chere Cousine, que Sir Charles est ce que j’ai de plus cher au monde ; & si Clémentine