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Histoire

fête du premier jour fut une danse champêtre de nos plus jolies Villageoises. Sir Charles, avec si peu de préparation, trouva le secret d’en faire un spectacle charmant. Il est vrai que, pour contribuer du moins à la propreté, dans un espace si court, il m’en coûta une partie de mon linge, que je me hâtai de faire distribuer aux Danseuses. Mylady G…, qui présidoit à la danse, brûloit d’en être elle-même, & nous y auroit engagés tous, si, dans la situation de notre chere Marquise, la crainte de quelque accident ne l’eût retenue.

Mais les jours suivans nous amenerent des plaisirs d’un autre ordre. Sir Charles ayant fait venir de Londres, avec une extrême diligence, des Musiciens, des Acteurs, & tout ce qui sert aux Fêtes d’éclat, le Château de Grandisson prit l’air d’une Cour brillante. La moitié du jour se passoit dans le Sallon, où l’enjouement du Maître & de Mylady G… animoit la vivacité de nos jeunes gens. Une partie de l’après-midi étoit donnée à la promenade, qui menoit toujours à quelque terme galant, ou qui offroit quelque divertissement imprévu ; une autre partie au Théâtre, & le soir à la plus délicieuse Musique. De tous ces amusemens, la Marquise ne prenoit que ce qu’elle jugeoit convenable à sa santé ; & si le redoublement de son oppression, qui annonçoit ordinairement ses foiblesses, l’obligeoit quelquefois de se retirer, elle défendoit à sa Fille de la suivre. La facilité qu’il