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du Chev. Grandisson

rabattit rien de ses espérances ; & m’ouvrant son cœur, il me fit le plan de la méthode qu’il alloit employer, jusqu’à la célébration des deux mariages. C’étoient de petites Fêtes, qu’il vouloit enchaîner l’une à l’autre, aussi gaies que nos fréquentes allarmes, pour la Marquise, le permettroient. Il se flattoit, me dit-il, qu’elles serviroient également à guérir la Mere de ses infirmités, & la Fille de sa froideur.

Dès le jour suivant, il sut rapprocher entr’eux tous nos jeunes Hôtes, par l’agréable reproche de ne vouloir être aimable que pour eux-mêmes, & de donner au penchant particulier ce qu’ils devoient à la joie commune. Cette guerre qu’il fit aux conversations dérobées, aux promenades détachées, & jusqu’aux signes d’intelligence, ouverts ou secrets, rendit bientôt l’Assemblée continuelle, & le commerce plus familier. Clémentine, comprise dans la censure, ne put refuser de paroître avec ses Amis, sur-tout lorsque Sir Charles eut engagé la Marquise à l’en presser. L’excellente Mere, que ses foiblesses prenoient deux ou trois fois le jour, & qui se plaignoit sans cesse d’une violente oppression, mais qui étoit sans fiévre, voulut participer elle-même à des plaisirs dont Sir Charles ne lui avoit pas déguisé le motif. Elle se fit transporter, non-seulement au Sallon, mais même au Jardin ; & la joie se peignoit sur son visage, à la moindre apparence de gaîté qu’elle voyoit à sa Fille. La