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du Chev. Grandisson

tude de bras qu’il y avoit employés, ils étoient fort avancés, & qu’il ne restoit qu’à les placer ; qu’il avoit commencé à les faire transporter au Parc, avec la précaution de les faire entrer par une porte écartée, pour se donner le plaisir de surprendre agréablement nos illustres Étrangers ; qu’aussi long-tems qu’il avoit douté de la diligence des Artistes, il ne m’avoit point entretenue d’une entreprise qui pouvoit manquer ; mais que se croyant sûr du succès, il se hâtoit de m’apprendre son dessein, & qu’il m’en feroit voir le plan, pour le soumettre aux lumieres de mon goût : enfin, qu’il me prioit, non-seulement de ne le communiquer à personne, mais, dans mes promenades avec nos chers Amis, de les éloigner adroitement de la scene du travail.

Que direz-vous, ma chere Tante, de cet inimitable Homme, à qui l’exercice continuel de ses grandes qualités, ses propres affaires, & celles de ses Amis, dont il est comme assiégé, ne font pas perdre des idées si magnifiques, & des attentions si galantes ? Quel composé de noblesse, d’élégance & de vertu ! Je lui ai promis de mettre son secret à couvert : mais il oublie qu’il est le modele de tous les goûts, lorsqu’il consulte si modestement le mien.

La Marquise ne paroît se soutenir, que par le plaisir de voir la guérison de sa fille absolument confirmée. Ses foiblesses reviennent souvent ; & ce n’est pas un embarras