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Histoire

c’est-à-dire, la Lettre de Naples, & la certitude qu’elle n’étoit pas divulguée, nous jetterent dans quelque embarras. Ensuite nous ne désavouons point, que l’entretien de Clémentine, ses réflexions sur le changement qu’elle éprouvoit, un air ferme de raison, qui ne paroissoit pas moins dans ses yeux que dans son langage, & qui s’est soutenu dans une conversation de deux ou trois heures, ne nous aient fait penser que sa guérison pouvoit venir d’une main supérieure à la Nature. Loin de nous croire humiliés par cet aveu, c’est un hommage que nous rendrons hautement à la toute-puissance du Ciel. Mais, un coup-d’œil ayant suffi, pour nous communiquer nos idées, nous jugeâmes qu’un si merveilleux effet demandoit plus d’une confirmation ; & nous refusâmes de vous en informer sur le champ. C’est par notre conseil, que Clémentine prit la résolution de passer le jour entier dans la solitude ; & vous n’avez pas oublié, qu’à notre retour nous demandâmes encore que la nouvelle de Naples lui fût cachée. Elle s’étoit proposé, en nous quittant, de vous faire elle-même la relation de son avanture dans une Lettre, qu’elle prit beaucoup de peine à composer ; mais d’autres réflexions lui firent conclure, qu’un détail si singulier seroit plus décent dans la bouche d’un Ami. Elle fit le billet que vous avez lu ; & me l’ayant remis au jardin, elle me pria de lui servir d’interprête. Cette commission me