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de ma réponse : mais qu’opposer à de pures imaginations, qui ne pouvoient servir à mes vues, parce qu’elles avoient trop de liaison avec la source du mal ? Je me bornai à des représentations vagues sur le caractere de Sir Charles & de Mylady Grandisson, qui n’admettoit rien que d’honorable & de vertueux. Cependant, après l’avoir quittée, je conçus que plusieurs personnes jouissant ici de la confiance de Sir Charles, je pouvois en espérer quelques lumieres sur l’origine de son inclination pour Mylady, & me munir d’armes, c’est-à-dire, de faits avérés, pour combattre une chimere. J’avois autant d’estime que de vénération pour M. Barlet : ce fut à lui que je recourus. À peine m’eut-il compris, que m’embrassant avec un transport de joie, il m’assura que je recevrois de lui toutes sortes d’éclaircissemens ; que Sir Charles & Mylady Grandisson n’ayant rien eu de réservé pour un homme qui les adoroit, non-seulement ils lui avoient appris la naissance de leur liaison, mais ils l’avoient fait dépositaire de leurs Lettres ; & que jugeant tout d’un coup de quel poids elles pouvoient être pour calmer l’esprit de Clémentine, il étoit prêt à me les confier, sans craindre que dans une occasion de cette nature ils lui reprochassent de l’indiscrétion. Il y en auroit, lui dis-je, à les accepter ; elles ne doivent pas sortir de vos mains : mais, si vous les croyez propres à seconder mes idées, pa-