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Histoire

nimo, je me suis contenté de souhaiter à la jeune Angloise, un Mari plus digne d’elle, que je n’aurois pu l’être, dans l’embarras de ma situation. Enfin, toute votre famille s’étant réunie en ma faveur, je n’ai plus formé un desir, qui n’ait eu votre Sœur pour objet. D’où suis-je tombé, cher Ami, en la voyant obstinée à me rejetter ? surtout lorsque ses motifs ne pourroient qu’augmenter mon admiration.

Aujourd’hui, quel souhait faites-vous pour moi ! Que je donne l’exemple à votre Sœur ? Comment le puis-je ? Le mariage dépend-il de moi ? Depuis que Clémentine me refuse, il n’y a qu’une femme au monde que je puisse croire digne de lui succéder dans mon affection, quoiqu’il y en ait mille dont je ne suis pas digne : & cette femme doit-elle accepter un homme, dont le cœur s’étoit donné à une autre qui vit, qui n’est point mariée, qui lui marque encore une bonté capable d’attacher un cœur reconnoissant, & de causer un partage dans son amour ? Clémentine même n’est pas plus délicate que cette charmante Angloise. En vérité, cher Jeronimo, lorsque je pense à lui adresser mes soins, le courage me manque ; & je me regarde comme l’homme du monde qui mérite le moins d’être écouté. Ajoutez qu’elle se fait autant d’Adorateurs, qu’il y a d’hommes qui la voient. Olivia même n’a pu lui refuser son admiration. Puis-je rendre justice à deux personnes d’un mérite