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du Chev. Grandisson

Il ne resta d’inquiétude qu’à Sir Charles, pour l’honneur de ses Amis. Quelques applaudissemens qu’il eût donnés à M. Lowther, il ne dissimula point que deux hommes si sages lui sembloient peu ménagés dans une avanture, qui exposoit l’honneur de leur caractere & la réputation de leur mérite. Ce soin l’ayant porté de bonne heure à nous quitter, je demeurai assez tard près de la Marquise, occupée à lui remplir l’imagination des plus douces espérances. Sa foiblesse n’étoit pas diminuée ; mais une si flatteuse perspective lui rendoit le cœur & l’esprit tranquilles. En me retirant, j’appris de Sir Charles, qu’ayant vu ses deux Amis, il les avoit informés de l’invention de M. Lowther ; que loin de se reprocher leur crédulité, ils en étoient convenus sans honte, parce que, dans leurs principes, la bonté du Ciel n’avoit pas plus de bornes que sa puissance, & qu’aux yeux de la Religion, les merveilles de l’une & de l’autre n’étoient pas rares en faveur de l’innocence & de la vertu : qu’en changeant même d’idée sur le fond, ils lui avoient protesté qu’ils n’en reconnoissoient pas moins l’ouvrage du Tout-puissant dans l’effet d’une petite ruse humaine : qu’en un mot, Clémentine étoit sortie d’un état désespéré, & que ne s’arrêtant point à des causes incertaines, ils ne pouvoient attribuer une guérison si prompte qu’au souverain Arbitre de la Nature. Sir Charles loua leur piété. Ils ajouterent, qu’étant chargés d’un Billet de Clémentine & de quelques explica-