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du Chev. Grandisson

son langage me parurent composés. Cependant elle ne désavoua point son émotion, & j’en pris droit de lui faire avaler quelques médicamens que je tenois prêts. Elle ne fit pas plus de difficultés de recevoir les services de ses Femmes. Je me retirai très-satisfait ; & j’ai su ce matin, qu’ayant passé fort tranquillement la nuit, elle étoit descendue dès six heures au jardin, après avoir fait prier le Pere Marescotti & M. Barlet de s’y rendre.

Pendant tout le jour, je n’ai pas cessé de l’observer : les informations s’accordent avec le témoignage de mes propres yeux. Non-seulement je lui ai vu toutes les apparences du plus heureux rétablissement, mais ses Femmes assurent avec des transports de joie, qu’elles en ont la même opinion. M. Barlet même, à qui je me suis fait entrevoir sur la fin du jour, lorsqu’il rentroit au Château avec elle & le Pere Marescotti, m’a fait connoître par quelques signes un changement qui sembloit le pénétrer d’admiration. Enfin, les circonstances m’ont paru favorables pour le dénoument : elle s’étoit renfermée dans sa chambre avec ses deux Confidens : j’ai revu le mien, c’est-à-dire, le Courrier d’Italie, qui n’attendoit que mes ordres. Je l’ai disposé par de nouvelles instructions à me seconder ; & m’étant chargé de la Lettre qui est pour Madame la Marquise, je lui ai laissé le soin de présenter l’autre.

Lowther, en achevant ce récit, remit la Lettre de Madame de Sforce à la Marquise. Elle l’ouvrit avec moins de curiosité pour les