Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 4, 1763.djvu/383

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
177
du Chev. Grandisson

avec une précipitation causée par sa joie, il n’est pas tems encore : mais je suis guérie, j’en suis sûre ; je ne puis dissimuler les faveurs du Ciel. Elle s’est dérobée là-dessus, pour descendre légérement au jardin.

Ce récit nous a jettés dans un excès de joie & d’étonnement, qui nous portoit d’abord à la suivre, pour nous assurer par nos propres yeux du miracle qu’elle nous annonçoit, pour la serrer tous entre nos bras, pour lui faire de tendres plaintes du retardement qu’elle apporte à notre bonheur : mais on a jugé qu’il falloit lui laisser la liberté qu’elle sembloit désirer, & qu’elle avoit demandé le reste du jour. Je me suis déclarée particuliérement pour cet avis, en faisant réflexion que le Pere Marescotti & le Docteur Barlet nous avoient quittés immédiatement après le dîner, & qu’apparemment ils étoient allés la joindre au jardin.

Pendant que nous nous livrions aux plus douces espérances, & que tout le monde raisonnoit sur des incidens si mystérieux, une autre nouvelle est venue augmenter notre satisfaction. Le Seigneur Jéronimo n’avoit point encore paru d’aujourd’hui, & nous avoit fait dire ce matin que, sans être plus mal, quelques remedes qu’il vouloit tenter par le conseil de M. Lowther, ne lui permettoient pas de descendre à l’heure du dîner. Nous étions tranquilles pour lui, sur la foi d’un homme qu’il appelle son sauveur après Dieu ; lorsque M. Lowther est venu