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Histoire

qu’elle a vu le Comte ; mais c’est tout ce que je trouve à lui reprocher. Elle lui a parlé d’un air libre. La confusion n’étoit que chez lui, pauvre Malheureux ! qui n’osoit ouvrir la bouche. Elle a eu l’attention de le soulager, en s’informant de sa santé, comme s’il y avoit eu quelqu’apparence qu’il fût malade. Elle s’est adressée à lui deux ou trois fois, sur des sujets vagues à la vérité, mais avec une complaisance qui a charmé tout le monde. Ils se sont même occupés assez long-tems, près d’une fenêtre, avec Madame Bémont, à comparer le jardin avec ceux d’Italie ; conversation peu intéressante, direz-vous ; mais le pauvre Comte se croyoit en Paradis. Cependant il s’attend à recevoir son congé demain, pour une longue séparation. Mon Frere charmé de la voir si tranquille, insiste toujours à ne pas lui prononcer un mot en faveur du Comte. Chansons, chansons, Madame, comme je crois vous l’avoir déja dit : d’où vient à Sir Charles une si profonde connoissance du cœur des Femmes ?

Par Mylady Grandisson. Vous voyez, ma chere Grand-Maman, que cette Mylady G… retombe toujours dans son caractere. Elle peut vous amuser par le badinage de sa plume. Son cœur ne ressent pas comme le mien les agitations de notre chere Clémentine : mais je viens d’apprendre une nouvelle fort étrange. On a vu ce matin le Pere Marescotti & le Docteur Barlet, qui sont inséparables, se glisser avec beaucoup de précau-