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Histoire

vengeance. C’est une autre Olivia pour la violence. Dans le peu d’intervalles lucides que j’avois sous sa conduite, je m’attendois toujours que ses transports aboutiroient à me traiter avec plus de rigueur. Cependant alors même, lorsque j’étois assez calme pour sentir l’horreur de ma situation, je la plaignois. Oh ! que ne dépend-il de moi d’engager le Comte à la rendre heureuse, & de lui faire trouver son bonheur avec elle !

Là-dessus, Clémentine m’a demandé si Sir Charles n’étoit pas porté à favoriser le Comte. Il souhaite, lui ai-je répondu, de vous voir mariée, parce qu’il juge, & que tous les Médecins d’Italie & d’Angleterre jugent comme lui, que s’il y a quelque homme au monde que vous puissiez consentir à rendre heureux, la conséquence infaillible seroit non-seulement le bonheur de votre Famille, mais le vôtre. À l’égard du choix, il pense qu’on doit entiérement vous l’abandonner. Il répete sans cesse qu’après tant de refus, on ne doit pas insister sur le Comte, & qu’il faut vous accorder du tems.

Ma chere Mylady me pardonnera-t-elle une question, comme d’une Sœur à une Sœur ? Dans ma situation, auroit-elle pu se résoudre… à donner sa main… Elle s’est arrêtée, elle a rougi, elle a baissé les yeux. Parlez, ma très-chere Clémentine, ouvrez votre cœur à votre Henriette… Mais non ; je vais vous en épargner la peine ; puisque je crois pénétrer votre pensée. Modele de mon sexe ! Je ne suis pas Clémentine : dans les cir-