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du Chev. Grandisson

un Frere, écoute sa Sœur avec toute la tendresse de l’amitié fraternelle.

Quelle complaisance ! Quelle bonté ! Vous dites qu’il y a d’autres expédiens. Eh ! quels peuvent-ils être, excepté le mariage ?

Fût-il le seul, s’il devenoit agréable… Nous ne faisons que raisonner, Mademoiselle ; il n’est pas question de résoudre.

(Avec un regard d’impatience). Quoi, Chevalier ? Vous me faites cette proposition ?

Non, Mademoiselle ; j’ai dit qu’il n’étoit question que de raisonner. Mais votre bonheur me paroît certain dans le Célibat. Peut-être avez-vous formé des plans qui ont cessé de vous plaire après la réflexion. Mais nous ne sommes pas pressés par le tems ? L’incomparable Clémentine a trop de grandeur d’ame, pour accorder à la malignité un injuste pouvoir sur son repos. Elle connoît son propre cœur, elle a raison d’en être contente. Si vous reveniez à vos premiers désirs, les attaques de la médisance ne vous suivroient-elles pas dans la plus sainte retraite ? Il y a mille points délicats à considérer, dans votre situation passée ; mais vos Parens les ont bien pesés. Ils n’ont en vue que votre bonheur ; vous différez d’eux, dans le choix des moyens. Ils jugent que le mariage avec un honnête homme de votre Pays & de votre Religion, vous conduiroit au repos : vous regardez le Cloître comme l’unique expédient : cette matiere n’a que trop été débattue. Ils sont déterminés à ne pas vous presser, quoique leur jugement n’ait pas