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du Chev. Grandisson

N’aggravez point mes tristes réflexions. C’est un tourment pour moi, de leur voir étouffer si généreusement leurs désirs.

Alors elle s’est adressée à moi : pardonnez, chere Mylady, si je jette les yeux en arriere, sur mon ancienne situation. Vous savez toute mon Histoire… Un peu de bonté pour un moment. Jamais, Dieu m’en est témoin, jamais l’envie n’a trouvé place dans mon cœur. Au contraire, je me suis réjouie qu’un mérite, qu’il n’étoit point en mon pouvoir de récompenser, ait une si douce récompense avec vous, & que le Chevalier n’ait rien perdu au refus que j’ai fait de ses offres… Elle s’est arrêtée.

Continuez, très-chere Clémentine, lui ai-je dit tendrement. Ne sommes-nous pas deux Sœurs ? Et ne sais-je pas que votre ame est la Noblesse même ?

Oui, Monsieur, je me réjouis sincerement d’avoir eu la force d’exécuter mes résolutions.

Elle s’est encore arrêtée. Sir Charles s’est contenté d’applaudir par une inclination.

Mais je n’en espérois pas moins que ma Famille se laisseroit vaincre, en faveur de mon goût pour le Cloître. Ce désir a toujours été le même, jusqu’au moment, Monsieur, où vous m’avez engagée à me soumettre aux Articles. Alors j’ai pris la résolution de chercher, s’il étoit possible, mon bonheur dans le Célibat, auquel on se relâchoit. Mais que puis-je faire ? Mes premiers désirs renaissent. Ce n’est pas ma faute. Il me pa-