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du Chev. Grandisson

se voir Maîtresse absolue d’elle-même, & de pouvoir nous surprendre & nous étonner par toute sa grandeur d’ame.

Qu’opposer à ce raisonnement ? J’en demande la confirmation au Ciel, & je crois la voir déja dans l’avenir.

Mardi 15.

Aujourd’hui, après le dîner, où je n’assiste point encore, Clémentine m’a fait demander par sa Camille, un quart-d’heure d’entretien dans ma chambre. J’ai donné ordre qu’il ne me vînt personne, si je n’appellois moi-même. Elle est entrée. Elle a pris un fauteuil près de moi, & de la maniere la plus noble elle m’a tenu ce discours.

J’ai cru, chere Mylady, qu’il convenoit d’attendre votre rétablissement, pour vous entretenir d’un sujet, sur lequel je me sens pressée de vous ouvrir mon cœur. Grâces au Ciel ! vous êtes rétablie. Quelle inquiétude votre maladie ne m’a-t-elle pas causée ? Je me reprochois d’en être la cause. Je vous avois engagée dans une trop longue promenade. Tout le blâme est tombé sur moi ; & j’ai remarqué, dans les yeux de Mylady G… un air visible de mécontentement. Bon Dieu ! ai-je dit, tout me paroissant étrange autour de moi, où suis-je ? Qui suis-je ? Puis-je être cette même Clémentine, que j’étois il y a quatre mois ? N’ai-je donc apporté que de l’infortune dans cette Famille, qui est mon unique refuge ? Mes yeux se sont ouverts sur l’indécence de mon