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du Chev. Grandisson

que chaque fois, n’ayant pas eu la force d’exécuter ses intentions, il est retourné sur ses pas.

Jeronimo m’a dit que le Comte a fait son Testament, & que dans la supposition qu’il meure sans avoir été marié, il laisse à notre Famille tout ce qu’il peut laisser de son bien. Clémentine n’est point nommée dans cet Acte, de peur qu’elle ne lui attribue la bassesse d’avoir attendu d’un si riche présent ce qu’il n’espere pas de son estime. Le généreux Homme déclare, que si nos instances en sa faveur contribuoient malheureusement à renouveller la maladie de Clémentine, il se regarderoit comme le plus misérable des Hommes. Mon cher Jeronimo, a-t-il dit en le voyant partir, répétez à votre incomparable Sœur que je ne l’importunerai point aussi long-tems, que je lui croirai de l’aversion pour moi. Puisse-t-elle être heureuse ! & quel que soit mon désespoir, je trouverai de la consolation dans cette idée. Mais soyez bien sûr, que tant qu’elle restera Fille, je ne serai jamais le Mari d’une autre Femme.

Ma pitié s’est jointe à celle du Seigneur Jéronimo, pour une si déplorable situation. Cependant je dois avouer, qu’elle est encore plus vive pour Clémentine. Mais je me suis sentie touchée jusqu’aux larmes, en lisant un article de la Lettre du Comte, que Jéronimo m’a laissée avec la permission d’en extraire ce passage. Jugez-en par ma traduction : après mille vœux au Ciel pour le bonheur d’une fille si chere, quel que puisse être