LETTRE CXXXIII.
Mylady Grandisson à la même.
Depuis mon indisposition, Clémentine ne me quitte plus. Elle étoit inconsolable, lorsqu’on m’a crue dans quelque danger. Elle se tordoit les mains : Oh ! pourquoi suis-je venue en Angleterre ! c’étoit son exclamation continuelle ; & tout le monde appréhendoit une rechute ; il s’en faut beaucoup qu’elle soit encore tranquille. Elle veut être seule, lorsqu’elle ne peut être avec moi. Souvent on la trouve noyée dans ses larmes, & regrettant de n’être pas en Italie. Sir Charles est fort alarmé pour elle. Il prétend qu’elle a quelque dessein dans l’esprit ; & m’ayant demandé, si dans nos entretiens elle ne s’étoit pas ouverte à moi, il paroît surpris que cette confidence tarde si long-tems.
Le Seigneur Jéronimo m’a parlé du Comte de Belvedere avec une vive compassion. Ce malheureux Esclave d’une passion désespérée n’a pu gagner sur lui-même de revenir avec Sir Charles & ses Amis. Il écrit à Jeronimo, que, depuis leur départ, il s’est mis deux fois en chemin pour les suivre, &