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du Chev. Grandisson

& nos larmes se mêlerent mutuellement sur nos joues : mon ambition, ma plus grande ambition sera de mériter la distinction que vous m’accordez. Ma Sœur, mon Amie, la Sœur de mon meilleur Ami ! aimez-le autant qu’il vous honore. Aimez-moi pour l’amour de lui, comme je vous aimerai pour l’amour de vous-même & de lui, jusqu’à ma derniere heure.

Sir Charles passa les bras autour d’elle & de moi. La tendresse & l’admiration respiroient dans ses yeux. Il nous donna le nom d’Anges. Ensuite, prenant le Comte par la main, il le fit avancer jusqu’à nous. Je vous présente le Comte de Belvedere, dit-il à Clémentine ; il mérite infiniment votre estime & votre pitié. Vous le voyez céder à votre grandeur d’ame, avec des sentimens dignes de vous. Recevez, reconnoissez un Ami. Il s’efforcera de suspendre toute autre espérance.

Je le reçois donc, & je le reconnois à ce titre. Oui, Monsieur, je suis sensible à l’honneur que vous m’avez fait depuis si long-tems. Puissiez-vous être heureux avec une Femme, dont le mérite réponde au vôtre ! Voyez l’heureux couple qui est devant vous : Puissiez-vous être aussi heureux que Sir Charles Grandisson ! Quel plus grand bonheur puis-je souhaiter pour vous ?

Il prit sa main ; & mettant un genou à terre, il la porta respectueusement à ses levres : Je vais vous délivrer, Mademoiselle, d’un Persécuteur. Je ne dois rien vous demander ;