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Histoire

Elle se déroba aussi-tôt, dans une espece de transport, comme si le pouvoir de ses sens n’eût pas répondu à l’élévation de son ame. Sir Charles pria Madame Bémont de la suivre ; & je suivis Madame Bémont.

Nous trouvâmes l’admirable Clémentine dans un Cabinet voisin, à genoux & baignée de larmes. Elle se leva ; nous nous hâtâmes de la soutenir. Ô ma chere Mylady ! s’écria-t-elle, pardonnez-moi !… chere Madame Bémont, avez-vous quelque reproche à me faire ? Dites, dois-je m’en faire à moi-même ?

Nous lui applaudîmes toutes deux. Elle méritoit bien nos éloges. Si sa grandeur venoit d’une imagination échauffée, qui lui donnera le nom de maladie ?

Elle consentit à se laisser reconduire vers sa Mere, qui la retint dans ses bras, lorsqu’elle vouloit se jetter encore à ses genoux. Ma chere fille, ma Clémentine, nous nous rendons tous à la force de vos raisons. Soyez heureuse, ma chere, dans vos nobles sentimens. Je fais ma gloire d’une telle Fille.

Et moi, d’une telle Sœur, ajouta le Seigneur Jeronimo. Ma tendresse pour elle, va jusqu’à l’adoration.

Elle prit ma main : Et vous, chere Mylady ! voulez-vous être ma Sœur ? Sir Charles sera-t-il mon Frere ? Ferez-vous avec nous le voyage d’Italie ? entretiendrons-nous des deux côtés une amitié de Famille, jusqu’à la fin de nos jours ?

Je la serrai étroitement dans mes bras ;