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Histoire

Hé bien, je consens à voir M. le Comte de Belvedere. Il sera prudent. Je compte là-dessus. En Italie, je l’ai vu plusieurs fois après votre départ ; & j’ai toujours fait des vœux pour son bonheur.

À présent, très-chere Sœur, Amie charmante & respectable, j’ai l’esprit tranquille. Je ne pouvois supporter, dans mes idées, qu’on vous déguisât quelque chose qui vous concerne, pendant que j’en étois informé.

Elle avoit les larmes aux yeux. Ô Madame ! m’a-t-elle dit, il n’y a que Dieu & vous qui puissent récompenser cet excellent Sir Charles de la bonté qu’il a pour moi… Vous voyez votre ascendant, Chevalier. Ma reconnoissance ne resiste à rien. Mais jamais, jamais, ne me proposez de mariage.

Ah chere Fille ! ai-je pensé en moi-même, en sentant couler une larme que je n’ai pû retenir ; je m’imagine qu’ayant vu un Homme, auquel il n’y a rien d’égal, il vous est impossible de vous accoutumer à l’idée d’un autre.

Les deux Dames sont parties avec précipitation, pour rendre leur visite à Mylady L… dont le cœur n’a gueres été moins affecté que le mien, de toutes ces tendres scènes.

J’ai demandé à Sir Charles, dans la supposition qu’il pût engager demain Clémentine à recevoir la main du Comte, s’il profiteroit de l’occasion ? Je m’en garderois bien, m’a-t-il dit ; & cela pour l’intérêt de