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du Chev. Grandisson.

que les larmes d’un Pere & d’une Mere ! M. de Nocera, un Évêque Catholique, plaide aussi, & ne plaide point pour moi. Le Général assure qu’il n’a pas souhaité le consentement de sa femme avec plus d’ardeur qu’il ne demande le mien. Jéronimo même, j’en rougis pour lui, votre Ami Jéronimo, me presse sur le même point. Le Pere Marescotti est entraîné par l’exemple de l’Évêque. Madame Bemont prend parti pour eux ; & Camille, qui ne cessoit de vous louer, me fatigue continuellement par ses instances.

Ils ne me proposent personne. Ils prétendent me laisser un choix libre, dans le Monde entier. Ils me représentent que, tout zélés qu’ils sont pour la foi Catholique, ils souhaitoient si vivement de me voir changer d’état, qu’ils avoient consenti à me voir la femme d’un Protestant ; que l’obstacle n’est venu que de mon propre scrupule. Mais pourquoi l’affoiblissent-ils, plutôt qu’ils ne le fortifient ? Si j’avois pu m’aveugler sur trois points : mon indignité, après le malheur que j’avois eu de perdre la raison ; la crainte insurmontable d’exposer mon bonheur pour une autre vie, & l’éternel regret de voir périr un homme que mon devoir m’auroit obligé d’aimer comme moi-même ; ils n’auroient pas eu d’instances à me faire.

Dites-moi, apprenez-moi, Chevalier, vous ! mon quatrieme Frere, qui n’êtes plus intéressé dans notre débat, s’il ne m’est pas permis de résister ? À quoi me résoudre ? Je