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du Chev. Grandisson

Sir Charles étoit sorti, & ne faisoit que rentrer, lorsque les deux Dames sont arrivées. La joie que j’ai eue de les voir passe mes expressions, sur-tout en remarquant à Clémentine un visage sérein, qui ne se ressentoit plus de l’infortune. Nous sommes venues, a dit Madame Bémont, rendre nos premiers devoirs à ceux qui ont rétabli la paix & le bonheur dans une Famille entiere. Clémentine n’a pas eu de repos, qu’elle n’eût fait ses vifs remercîmens à Mylady Grandisson, pour le secours qu’elle reçut hier de sa présence.

La reconnoissance, a dit Clémentine, est l’unique occupation de mon cœur. Mais, Chevalier, où trouverai-je des expressions ? Je vous conjure de m’expliquer votre demande. Vous, chere Mylady Grandisson, dites-moi, si vous le savez, en quoi je puis obliger mon quatrieme Frere.

Ma très-chere Clémentine, a répondu Sir Charles, commencez par fortifier votre cœur contre une douce surprise ; car je ne vous en prépare point d’autre. Vous n’avez pas encore signé les articles, & je me figure que vos Parens ne l’ont pas encore fait non plus.

Monsieur ! Chevalier !

Que je ne vous allarme point, Mademoiselle. Il a mis une des mains de Clémentine dans la mienne ; il a pris l’autre d’un air fort tendre : votre dessein est de les signer, a-t-il repris ; ils le feront aussi, j’en suis sûr. Demain, lorsque nous serons tous rassemblés,