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du Chev. Grandisson

il étoit pénétré. Qui condamnera, dit-il modestement, lorsqu’un Pere, une Mere & des Freres si zélés pour l’honneur de leur Famille, s’accordent à pardonner ?

Il fut réglé entre la Famille & Sir Charles, qu’on ne diroit pas à Clémentine un mot en faveur du Comte de Belvedere : mais on le pria de lui apprendre que le Comte est en Angleterre. Tout le monde ayant été vivement ému, Sir Charles proposa de se retirer, & de laisser retourner Clémentine pour cette nuit chez Mylady L…, en regardant sa visite comme une préparation pour le changement de sa demeure. Mais toute la Famille déclara d’une seule voix, qu’elle ne pouvoit se séparer d’une Fille & d’une Sœur, rendue à leurs espérances. Elle fit connoître elle-même que c’étoit flatter ses plus chers desirs ; avec un air de reconnoissance néanmoins, & le genou à demi-courbé.

Dans le transport d’une joie générale, qui pense, dit Sir Charles, à la fidelle Camille ? Pourquoi Camille ne viendroit-elle pas féliciter sa Maîtresse & toute l’assemblée du plus heureux des événemens ? Tout le monde demanda Camille. Elle vint avec un empressement inexprimable. Elle se jetta aux genoux de sa chere Maîtresse. Elle répandit des larmes de joie. Ah ! Camille, lui dit Clémentine en l’embrassant, je vous ai traitée trop cruellement : mais ce n’est pas moi qu’il faut accuser ; hélas, hélas ! je n’étois plus à moi-même. Je m’efforcerai de vous en dédommager. Cette bonne Fille ne répondit qu’en re-