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du Chev. Grandisson

l’assistance de Sir Charles ; & la plaçant entre sa Femme & lui, tous deux passerent un bras autour d’elle. Ses prieres furent répétées pour le pardon, d’une voix interrompue par ses sanglots ; & les bénédictions coulerent de même, de leurs cœurs paternels à leurs lévres.

Après ces grandes émotions, lorsqu’ils eurent la force de parler, & que Clémentine osa commencer à lever les yeux, d’abord par intervalles, & les baissant aussitôt sous les leurs ; voyez Madame, voyez, Monsieur leur dit-elle, la généreuse Dame à qui… (en regardant Mylady L…) Voyez (en me regardant) plus qu’une Femme… Un Ange… Elle vouloit dire plus ; mais les expressions semblerent lui manquer. Nous avons déja vu, admiré, dit civilement le Marquis, la plus noble des Femmes, dans Mylady Grandisson.

Il se leva, pour s’approcher de Mylady L… & de moi. Sir Charles nous conduisit toutes deux vers lui ; & Clémentine, qui se trouvoit proche de moi, saisit une de ses mains, qu’elle pressa de ses lévres. Elle paroissoit chercher des termes qui ne se présentoient point. Nos yeux félicitoient aussi beaucoup plus que nos expressions, le Pere, la Mere, & la fille.

Sir Charles sortit alors ; mais revint bientôt avec les deux Freres. Il me seroit difficile de dire s’ils marquerent plus de joie, que Clémentine ne témoigna de confusion. Elle recommença à parler de grace & de