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Histoire

Ma chere Mylady L… ma seconde protectrice, vous m’accorderez aussi votre Compagnie. Une femme telle que vous, une Sœur du Chevalier Grandisson, qui me reconnoît pour son Amie, & qui répond de ma conduite, va relever l’humiliée Clémentine aux yeux de son indulgente famille… Et Sir Charles, ne doit-il pas se trouver là, pour les disposer tous à recevoir favorablement la Fugitive ! Partons, conduisez-moi, je vous suis. Elle avoit néanmoins, dans les yeux, quelque chose d’égaré ; & nous donnant une main à chacune elle s’est laissée conduire au Carrosse. Mais, en y montant, elle trembloit, elle chancelloit, elle paroissoit dans un trouble extrême. Nous nous efforcions de la rassurer. Le Carrosse marchoit vers Grosvenor-Square. Lorsqu’il se fut arrêté, elle jetta ses deux bras autour de Mylady L… & cachant son visage dans son sein, elle invoqua le secours du Ciel. Comment, comment, s’écria-t-elle, pourrai-je regarder en face mon Pere & ma Mere ?

Sir Charles parut, au bruit du Carrosse. Il remarqua son émotion. Il est digne de vous, Mesdames, dit-il à Mylady L… & à moi, d’accompagner notre chere Clémentine. Vous allez trouver la récompense de votre bonté, dans le plaisir de la voir reçue avec des transports de joie, par de tendres Parens qui ne respirent que pour leur fille.

Ah Chevalier ? c’est tout ce qu’elle put dire.

Je vais vous conduire, très-chere Clé-