Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 4, 1763.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
66
Histoire

tir, il leur a tenu compagnie jusqu’à mon retour.

En entrant, je l’ai fait appeller, & je lui ai demandé, toute hors d’haleine, s’il avoit parlé de Clémentine. Non, m’a-t-il dit. J’ai évité de répondre aux questions. Les deux Étrangers sont dans une grande impatience d’apprendre de ses nouvelles, & c’est ce qui m’a porté à vous faire avertir, dans la crainte de laisser échapper quelque indiscrétion. Honnête, modeste, charmant Mylord G…!

Après les premieres civilités, j’ai obtenu d’eux qu’ils me feroient l’honneur de demeurer à souper. Sur ma priere, Mylord G... s’est hâté d’envoyer son excuse à sa Femme.

Ils sont tous deux d’une figure fort noble, extrêmement polis. On nous avoit dit que le Comte étoit bel homme : il mérite cet éloge. Avec le caractere qu’on lui attribue, il n’y a point de Femme, sans prévention, qui ne puisse prendre du gout pour lui. Je lui trouve un air de qualité. Son âge ne paroît point au-dessus de vingt-cinq ou vingt-six ans. Il a la physionomie étrangere, le teint un peu brun, mais sain. Cependant la connoissance, peut-être, que j’ai de sa situation, m’a fait trouver quelque chose d’égaré dans ses yeux.

J’ai pris, avec eux, des manieres fort ouvertes. Je leur ai dit qu’en recevant la Lettre de Douvres, Sir Charles étoit parti pour ce port. Ils ne m’ont pas représenté, sous de bonnes couleurs, la santé de la Marquise.