Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 4, 1763.djvu/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
65
du Chev. Grandisson.

Elle nous a regardées alternativement, Mylady L… & moi, dans une terreur, qui lui ôtoit la respiration. À la fin ; je suis donc sûre, m’a-t-elle dit, qu’ils sont arrivés ! Dites, Madame, dites-moi s’ils le sont. Sont-ils tous en bonne santé ?

Je n’ai pas fait difficulté d’avouer qu’ils étoient à Douvres, & qu’ils vouloient s’y reposer quelques jours, en attendant des informations sur l’état de leur chere Fille.

Elle a pleuré. Ses larmes ont même été mêlées de sanglots. Elle s’est emportée contre elle-même. Cependant j’ai remarqué plus d’attendrissement que d’affliction. Elle s’est fortifiée, en se rappelant les promesses de Sir Charles, qui étoit capable, m’a-t-elle dit, d’adoucir leurs plus vifs ressentimens.

Mylord est plein de bonté & de compassion pour elle. Il l’admire beaucoup. Mais nous avons observé qu’il y a quelques traces de désordre dans son langage. Puisse-t-elle se calmer ! puisse-t-elle retrouver sa raison toute entiere, pour les importantes scènes qui approchent !… On me demande sur-le-champ au logis.

Mardi au soir.

Il me semble qu’à cette distance, je suis à demi effrayée, ma chere Grand-maman, de vous dire pour qui l’on m’est venu demander ; c’étoit pour le Comte de Belvedere. Le Seigneur Sebaste étoit avec lui. Le hazard avoit conduit Mylord G… chez nous, lorsqu’ils y sont arrivés ; & me faisant aver-