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du Chev. Grandisson.

seule Avocate en Italie, s’est laissée attendrir, il est vrai, par la pitié ; mais on l’a sû, & cette raison même lui a fait ôter la liberté de quitter Naples. Dans d’autres tems, on m’a refusé celle d’aller à Urbin, à Naples, à Rome. Avois-je le choix d’un autre parti que la fuite, pour éviter la profanation d’un Sacrement ?

Ma chere Sœur ne laisse pas de se reprocher, à elle-même, de la témérité dans une démarche si extraordinaire. À ce moment même, ne reçoit-elle pas son Frere dans une Chambre obscure ? D’où peut venir cette douce confusion ? Mais ce qui est fait, est fait. Votre conscience est une Loi pour vous. Le repentir suivra infailliblement, si votre conscience vous accuse : & si vous croyez qu’elle vous justifie, qui pourra vous condamner ? Jettons les yeux devant nous, Mademoiselle. Je n’approuve point, dans vos Amis, la véhémence de leurs persuasions. Cependant quels Parens ont jamais traité leur Fille avec plus d’indulgence ? quels Freres ont eu, pour leur Sœur, une affection plus désintéressée ?

J’avoue, Monsieur, que mon cœur prend quelquefois parti contre moi. Mais, répondez à cette question : Pensez-vous que contre mon inclination, contre la justice, contre le mouvement de ma conscience, j’aie dû me marier par soumission pour mes Parens ?

Non, Mademoiselle.

Hé bien, Monsieur, je m’efforcerai du