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Histoire

LETTRE CXXI.

Le Chevalier Grandisson à sa Femme.

Lundi 19 Février.

Vous me demandez des circonstances, mon très-cher Amour ; & maintenant qu’après avoir vu Clémentine, j’ai de fortes espérances d’un prompt rétablissement pour son repos & pour sa santé, j’en aurai plus de satisfaction à vous obéir.

Hier, vers cinq heures, j’étois dans ma chaise-à-porteurs, au lieu qu’on m’avoit nommé. Laura, ayant reconnu ma livrée, s’avança pour se faire appercevoir ; & lorsqu’elle crut avoir rencontré mes yeux, elle courut vers une porte voisine, en joignant affectueusement les mains. Je la suivis aussi-tôt. Graces au Ciel, graces au Ciel ! répéta-t-elle plusieurs fois, lorsqu’elle me vit derriere elle. Hâtez-vous, chere Laura, lui dis-je avec quelque émotion, de me conduire à votre Maîtresse ; & je m’arrêtai à la porte, pour attendre les ordres de Clémentine. Laura ne fut qu’un instant à reparoître. Elle me tint la porte ouverte, & me salua sans ouvrir la bouche.

Les rideaux qui étoient tirés, donnoient un air fort sombre à la chambre. Mais la dignité de l’air & du mouvement de Clé-