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Histoire

à l’Église ou dans quelqu’autre lieu, je ne ferois pas difficulté de me glisser dans quelque coin peu observé, habillée comme une simple Angloise, moins proprement, de la moitié que la Femme de Chambre de votre Mylady ; & dans cet état, vous pourriez me voir vous-même sans me reconnoître. C’est une grande satisfaction pour moi, que vous n’ayez pas démenti l’estime que j’avois autrefois pour vous. Cette espérance m’a soutenue. Oui, Monsieur, je vous remercie d’avoir fait tomber votre choix sur une Femme de tant de mérite & de beauté. Je me flatte qu’il ne manque rien non plus à sa naissance.

Je ne vous dissimulerai pas qu’en arrivant à Londres, je fus extrêmement déconcertée d’apprendre que vous n’y étiez point. Je m’étois promis de trouver facilement l’occasion de vous voir tous deux, ne fût-ce que dans votre carrosse, à quelque passage ; car lorsque je fus informée de la réputation que vous vous êtes faite ici par toutes sortes de vertus, moi, pauvre Fugitive, j’aurois tremblé de paroître devant vous. Tant d’excellentes leçons que vous m’avez prodiguées ? Quel fruit ! Ah ! malheureuse Clémentine !

votre Seigneurie desire-t-elle de se loger ? me demanda Édouard, en débarquant. Mais je lui ai défendu ce style, & je ne veux pas que vous le connoissiez lui-même par le nom de sa famille. Laura répondit pour moi : Quelque part, proche du Chevalier Grandisson : n’est-ce pas votre dessein, Mademoiselle ? Je ne veux pas vous dire quelle fut ma