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Histoire

me tendant la main, il me pria de sortir un moment avec lui.

Il me conduisit à son cabinet, où il m’expliqua, dans les termes les plus tendres, le fond de la Lettre. Chere Henriette, me dit-il, en passant ses bras autour de moi, vous ne douterez jamais de la constance de mon Amour. La démarche que je vous apprends me cause autant d’inquiétude que de surprise. Que le Ciel protège la chere Clémentine ! Joignez vos prieres aux miennes. Vous êtes capable de pitié pour cette malheureuse Fille. Je me la représente désolée & sans protection ; votre pitié s’étend, j’en suis sûr, jusqu’à ses tristes Amis. Ils la suivent. Ils sont pleins de vertu & d’honneur ; ils ont les meilleures intentions : mais des instances excessives ont un air de persécution. Dans les fâcheuses circonstances que vous connoissez, ils devoient lui accorder du tems. Le tems triomphe de tout.

Je vous supplie, Monsieur, répondis-je, de lui accorder sur-le-champ votre secours. Ma seule inquiétude est pour sa sûreté, pour son honneur, & pour le chagrin que vous ressentez vous-même, dans une occasion si touchante ; heureuse si je puis le diminuer en le partageant.

Il me serra plus ardemment encore : je n’ai, me dit-il, aucun doute de votre généreuse bonté. Je ferois injustice à Clémentine, à mon cœur, à vous, qui en êtes la Maîtresse absolue, si je me croyois obligé de vous renouveler aujourd’hui les protes-