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Histoire

l’attention de mon Frere. Votre honneur est l’honneur du sexe : car n’en êtes-vous pas l’ornement ? Je ne dis rien de nouveau, en assurant que mon Frere vous aime. Je n’avois pas besoin d’apprendre son inquiétude pour votre santé. Son cœur n’est pas capable de changer. N’avez-vous pas observé que j’ai mis votre décadence sur le compte de la nature ? Plaise au Ciel qu’il n’en soit rien ! Mais je vous décourage imprudemment par mes craintes pour votre santé, lorsque je ne pense au fond qu’à ménager votre délicatesse. Vous vous porterez bien, vous le voudrez, vous y parviendrez bientôt ; & le plus sage, comme le meilleur des hommes, ne manquera point… C’est à quoi se réunissent tous nos vœux. Mais quoi qu’il arrive, nous avons réuni nos têtes ensemble, & nous sommes résolus, en faveur de votre délicatesse, de laisser prendre son cours à cette affaire, parce qu’après une ouverture plus chaude que je ne l’avois prévu, vous pourriez vous imaginer que nos soins vont au-delà des bornes. Je vous certifie, ma chere, que Sir Charles Grandisson, tout digne qu’il est d’une Princesse, ne vous fera porter son nom qu’avec toute la passion de son ame.

Suivant les vues qu’il nous a marquées ce soir, nous allons le perdre pour quelques jours. Les Joueurs, à qui notre Cousin Everard a permis de le ruiner, sont à Winchester, où je suppose qu’ils font à présent