Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 4, 1763.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
166
Histoire

ville, & d’un ton furieux : « Je ne souffrirai jamais qu’on m’enlève mon unique bien ; j’aurai sa vie. » Il a joint un serment à cette menace. À la vérité, il étoit échauffé par le vin, & je m’arrêterois peu à ses discours, si je n’apprenois qu’il est sorti ce matin avec des gens armés. Faites l’usage qu’il vous plaira de cet avis. Vous ne saurez jamais de quelle part il vous vient. Mais le respect & l’affection que j’ai conçus pour le jeune Baronnet sont mes seuls motifs. J’en prends le Ciel à témoin.

Deux Fermiers de mon Oncle ont vu successivement le méchant Homme sur le chemin de Londres, avec son Escorte. Que deviendrai-je avant le matin, si votre Frere n’arrive pas ce soir ?

À onze heures de nuit.

Mon Oncle a dépêché deux Domestiques, avec ordre de suivre la route de Londres jusqu’au jour. Il s’est rendu lui-même chez M. Greville. On lui a confirmé qu’il étoit sorti dès le matin, bien accompagné, pour revenir le soir, a-t-on ajouté… dans la vue, peut-être, de se disposer à la fuite, après la plus noire de toutes les actions. Ma Tante est en larmes. Mon Oncle rappelle & compare les circonstances. Nancy se tord les bras. Votre Henriette languit dans une douleur muette. Elle n’est plus capable de pleurer ni d’écrire.