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Histoire

pétulance ! toute folie ! Peut-être, peut-être ne serai-je jamais à lui. Peut-être, avant son arrivée, serai-je la plus malheureuse de toutes les Femmes ! Votre Frere, le meilleur des hommes, peut avoir été… Ah ! chere Charl…

Dans l’excès d’une mortelle épouvante, ma plume est tombée de mes doigts. Je me suis évanouie. Personne n’est venu à mon secours. Je sais que je n’ai pas été long-temps sans connoissance. Mes terreurs ont eu la force de la rappeller. La mort seule étoit capable de me l’ôter plus long-temps, dans une occasion de cette nature. Que je vous cause d’effroi ! ma très-chere Mylady ! Mais Lucie arrive enfin. Qu’elle vous apprenne la cause de mes tourmens.

N. B. Ce qui suit étoit de la main de Lucie.

« À la priere de ma Cousine, pendant qu’on la porte sur son lit, je continue, Madame, de vous expliquer ses terreurs & les miennes. Cependant que les vôtres n’aillent pas trop loin. Le Ciel, nous l’espérons, nous l’en prions, protégera votre Frere. M. Greville ne sauroit être capable de la barbare, de l’infâme action dont on le soupçonne. Le Ciel protégera votre Frere.

» On vient d’apporter ici un Billet anonyme, (je ne sais ce que j’écris) un Billet, veux-je dire, d’une main inconnue, portant que plusieurs personnes ont entendu sortir de la bouche de M. Greville, des menaces contre la vie de Sir Charles ; & nous savions déja, de bonne part, qu’il