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Histoire

fond de mon cœur. Il n’est pas question de mes affreux songes ; je ne suis pas superstitieuse. Mais un récit de Miss Orme me fait trembler.

Ce matin elle a rencontré Greville chez une Dame de nos voisines. Il lui a parlé dans ces termes : J’apprens, Mademoiselle, que votre Frere est revenu depuis peu. Je l’en félicite. Il est arrivé fort à propos, pour voir le mariage de Miss Byron. Fenwick est un Misérable. Il est allé hurler de l’avanture à Carlile. Votre Frere & moi nous hurlerons ici.

Je suis sûre, a répondu Miss Orme, que mon Frere tiendra dans cette occasion la conduite d’un Galant Homme, & je ne connois à M. Greville aucune raison de hurler, puisqu’il emploie ce terme. N’est-il pas devenu fort ami du Chevalier Grandisson ?

Il a répliqué avec un sourire forcé, qu’il s’étoit cru capable en effet de tourner l’affaire en plaisanterie ; mais que si près du dénouement, il avoit peine à dévorer tant d’affronts. Le morceau est dur, a-t-il ajouté en portant la main au cou, & faisant quelques grimaces ; je crains qu’il n’ait peine à passer, & je désespere de la digestion. Mais votre Frere se donnera-t-il le plaisir de prêter l’oreille au son des Cloches, qui ne manqueront point, dans peu de jours, de se faire entendre à la ronde ? J’apprens que Sir Charles va grand train. « Qu’il sache pourtant que je veux mourir avec décence. Nous ne nous laisserons point enlever, sans conditions, la fleur de notre Province. Vous voyez quelquefois la sirene, Mademoi-