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du Chev. Grandisson.

qu’on a su d’un Domestique, qu’il avoit pris brusquement son épée & son chapeau dans l’anti-chambre ; & d’un autre, qui l’avoit rencontré, son Laquais derriere lui, qu’il s’étoit retiré à grands pas, en poussant de profonds soupirs.

Ne le plaignez-vous pas, ma chere Amie ? Votre Frere a marqué généreusement de l’inquiétude pour lui. Lucie, qui l’a toujours vu d’assez bon œil, a remarqué qu’il nous avoit souvent surpris par ses singularités ; mais que la derniere partie de sa conduite devoit faire juger, qu’il n’étoit pas aussi dépourvu de principes, qu’il affectoit quelquefois de le paroître. Moi-même, ma chere, je me flatte que Sir Charles a mieux connu que nous son caractere, lorsqu’il nous a proposé de recevoir sa visite.

Sir Charles s’est offert le soir à reconduire ma Grand-Mere. Ainsi, nous ne l’avons pas eu à souper ; mais nous sommes tous invités à dîner chez elle, & nous soupçonnons que votre Frere sera un des principaux Convives.

Lundi matin, 16 Octobre.

Je reçois une Lettre de mon Émilie, qui m’apprend qu’elle est avec vous, quoique sans date de temps & de lieu. Vous m’avez sensiblement obligée, en témoignant à cette chere Fille, que toutes les surabondances de mon cœur sont pour elle. Émilie est la tendresse & la bonté même. Je lui écrirai bientôt, pour lui répéter que tout mon pouvoir sera toujours employé à lui faire plaisir. Mais dites-lui, comme de vous-