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Histoire

de mort ; faut-il que je le répete ?

Un Mourant devroit penser à la pénitence.

Moi ! Et dans quelle vue, s’il vous plaît ? J’ai perdu l’espérance. Qu’attendez-vous d’un malheureux désespéré ? Mais je fus averti que mon Rival ne passeroit pas la nuit au Château ; c’est ce qui sauva votre maison. Alors toute ma malice se tourna vers l’Hotellerie de Northampton. L’Hôtellier, dis-je en moi-même, m’a mille sortes d’obligations, & n’en donne pas moins retraite au plus mortel de mes Ennemis ! Mais il est plus digne de moi d’aller lui demander compte en personne de l’intérêt qu’il prend au château de Selby, & de le faire renoncer à toutes ses prétentions, comme j’y ai déja forcé plus d’un Galant par mes rodomontades. Je ne fermai pas l’œil de toute la nuit. Ma visite fut rendue le matin à l’Hôtellerie. Je prétens savoir, autant qu’aucun autre homme du monde, tout ce qui concerne la civilité & les bons usages ; mais je connoissois le caractere de l’homme à qui j’avois à faire. Je savois qu’il avoit autant de sang-froid que de résolution : ma rage ne me permettoit point d’être civil ; & quand elle me l’auroit permis, j’étois persuadé qu’il falloit être brutal pour l’irriter : je le fus, je ne gardai aucune mesure.

Jamais homme ne fut traité avec un mépris plus froid & plus phlegmatique. J’en vins au défi. Il me déclara qu’il ne vouloit pas se battre. J’étois résolu de l’y forcer : je le suivis jusqu’à sa voiture, & je parvins à l’attirer dans un endroit écarté, mais j’avois