Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 4, 1763.djvu/142

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
132
Histoire

de fort bonnes qualités pour un Seigneur : Mais voyant qu’il n’étoit pas moins rejetté que moi, il faut, me suis-je dit à moi-même, qu’elle ait quelqu’un dans le cœur. Fenwick ne vaut pas mieux que moi, ce ne peut être Fenwick. Orme, pauvre chrétien ! Il est encore plus impossible que ce soit le doucereux Orme.

Je vous prie, Monsieur…, ai-je interrompu, & j’allois prendre la défense de M. Orme ; mais se hâtant de me couper la voix, il m’a dit effrontément qu’il vouloit être entendu, que c’étoit son discours de mort, & que j’avois mauvaise grace de l’interrompre. Eh bien, Monsieur, ai-je répondu en souriant, venez donc vîte à la péroraison.

Je vous ai dit autrefois, Miss Byron, que je ne pouvois supporter vos sourires. Aujourd’hui, souriez ou faites la sévere, peu m’importe. J’ai perdu tout espoir, je suis résolu de vous maltraiter avant que nous finissions.

Me maltraiter ! J’espere, Monsieur…

Vous espérez ! Que signifient vos espérances, vous qui ne m’en avez jamais donné l’ombre ? Mais écoutez-moi ; j’ai à vous dire, Mademoiselle, plusieurs choses qui vous déplairont, & d’une nature toute différente. Je continuois de chercher qui pouvoit être l’heureux Mortel. Ce second Orme, Fouler ; ce ne sauroit être lui, me disois-je. Est-ce le nouveau venu, le sage Belcher ? (je faisois observer tous vos pas, comme je vous en avois avertie.) Non, répondois-je à moi-même, elle a refusé Mylord D… & des légions entieres, avant que Belcher eût remis