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du Chev. Grandisson.

M. Greville, ma chere ; & j’ai consenti à me retirer avec lui vers une fenêtre. Je crois pouvoir me rappeller son discours, sans changer presque rien aux expressions. Il n’a pas parlé si bas qu’il ne pût être entendu de tout le monde, quoiqu’il m’eût dit tout haut qu’il ne vouloit l’être que de moi.

Je dois me croire bien malheureux, Mademoiselle, de n’avoir jamais obtenu de vous le moindre témoignage de faveur ! Vous m’accuserez de vanité, je n’en suis pas exempt. Mais pourquoi désavouerois-je des avantages & des qualités que tout le monde m’accorde ? Je jouis d’un bien qui me permet d’adresser mes vœux aux Femmes du plus haut rang : il est clair & libre. Je ne suis pas un homme d’un mauvais naturel. J’aime la plaisanterie, j’en conviens, mais je suis capable d’attachement pour mes Amis. Vous autres Femmes vertueuses, vous n’en aimez pas moins un homme, pour quelques défauts qu’il vous offre à corriger. Je pourrois ajouter mille choses en ma faveur, si le Chevalier Grandisson (en jettant les yeux sur lui) ne m’éclipsoit entiérement. Le Diable m’emporte si j’ai la moindre opinion de moi devant lui. Je l’ai toujours redouté. Mais lorsqu’il eut quitté l’Angleterre pour suivre d’autres amours, je me flattai d’en pouvoir tirer de l’avantage.

D’un autre côté néanmoins, j’avois quelque chose à craindre aussi de Mylord D… Sa Mere a l’habileté d’un Machiavel. Il possède une fortune immense, un titre. Il a