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du Chev. Grandisson.

tion qui se faisoit entendre autour de nous. J’ai cru voir ce sentiment dans les yeux de tout le monde, au travers même des éventails de quelques Dames. Quelle différence entre lui & les deux autres, dans leur conduite pendant le service ! Cependant, qui a jamais vu deux des trois, si décens, si attentifs, & je puis dire si respectueux ! Que tous ceux qui ont quelque supériorité sur les autres, se conduisent comme votre Frere, & je ne doute pas que le monde ne devînt meilleur. Après l’office, M. Greville a tenu la porte de son banc ouverte pour régler ses mouvemens sur les nôtres, & lorsqu’il nous a vu presque sortis, prenant officieusement la main de Sir Charles, il s’est avancé vers nous. Sir Charles nous a rencontrés à la porte de notre banc. Il s’est approché de la meilleure grace, & m’a offert respectueusement sa main. C’étoit l’équivalent d’une déclaration publique. Aussi tout le monde en a-t-il pris cette idée. M. Greville, hardi dans sa bassesse, a fait un mouvement, comme s’il eût cédé à votre Frere la main qu’il prenoit : &, plus subtil qu’un serpent, mon maudit cheval, a-t-il dit en regardant son bras, que sa derniere aventure l’obligeoit de tenir encore dans l’ouverture de sa veste, n’a pas été fort docile pour son Maître. Je m’invite, Mademoiselle, à prendre le thé avec vous cet après-midi, vous me ferez la grace d’aider vous-même au pauvre manchot.

Il ne faut point espérer, quand on le vou-