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Histoire

différé deux jours à nous en parler sérieusement, & que sa proposition, quoiqu’exprimée avec toutes les graces & les ménagemens possibles, avoit trouvé quelques difficultés de la part de mon Oncle & de mes Cousines. Mais que peut-on refuser ici à Sir Charles ? Enfin l’on étoit convenu qu’ils se trouveroient ensemble à l’Église, le Dimanche au matin, & qu’ils nous y feroient les civilités qui pouvoient nous conduire à recevoir leur visite après-midi.

Personne n’ignorant dans le Pays, que le Chevalier Grandisson étoit venu pour faire agréer à ma Famille ses vues sur une jeune personne à qui tout le monde fait la grace de souhaiter beaucoup de bien, l’Église s’est trouvée remplie d’une foule de Curieux qui étoient fort impatiens de le voir. Ils se sont crus trompés dans leur attente, lorsqu’ils n’ont vu paroître que ma Tante, conduite par M. Deane, & moi, par mon Oncle, comme mes deux Cousines l’étoient par leur Frere ; mais on n’a pas été long-temps sans voir entrer Sir Charles avec M. Greville & M. Fenwick. Ils se sont placés tous trois dans un banc qui est vis-à-vis le nôtre. Messieurs Greville & Fenwick ont commencé par nous saluer, tandis que Sir Charles s’est cru obligé de donner le premier rang à d’autres devoirs. Il a toujours été, comme vous le dites, supérieur à la fausse honte. J’ai pris plaisir à le voir donner l’exemple. Son second compliment s’est adressé à nous, avec une grace que je représenterois mal. La rougeur m’est montée au visage, du murmure d’admira-