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du Chev. Grandisson.

entre ses bras : Ô Madame ! je suis persécutée, opprimée, & c’est ce qu’on nomme persuasion. Un Pere à genoux ! Une Mere en larmes ! Des Freres supplians ! Cruelle, cruelle persuasion !

Madame Bémont, entrant alors en raisonnement avec elle, lui représenta l’inflexibilité du Général, l’indulgence de son Pere & de sa Mere, les desirs de ses deux autres Freres ; elle fit valoir votre sentiment, expliqué sans partialité, indépendamment même de la différence de Religion. Elle lui parla d’une jeune & charmante personne de votre Pays, capable de vous rendre heureux, dont elle avoit entendu vanter les grandes qualités par divers Anglois. Ce dernier point la frappa d’autant plus, qu’elle sait combien vous êtes lié avec Madame Bémont. Elle répondit, que pour le monde entier, elle ne traverseroit point les desirs du Chevalier Grandisson, & qu’elle souhaitoit de vous voir heureux, de quelque maniere que le Ciel disposât d’elle. Le Pere Marescotti vint à la charge, & lui conseilla de ne pas attendre l’arrivée de vos Lettres, pour prendre une résolution ; parce qu’elle ne pouvoit douter que votre premier sentiment ne s’y trouvât confirmé. Les argumens des trois Évêques furent rappellés avec une nouvelle force. On lui nomma un jour, pour reparoître dans l’assemblée de sa Famille. Madame Bémont applaudit à sa grandeur d’ame, dans le sacrifice qu’elle avoit déja fait au