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du Chev. Grandisson.

en quelque sorte, de hâter l’offre de mes humbles vœux. Quoiqu’elle puisse paroître un peu précipitée dans ma situation, ne m’accuseriez-vous pas d’une négligence inexcusable, ou d’une indifférence apparente, si, pour observer des vaines formalités, j’étois capable de différer la déclaration de mes sentimens, & de laisser croire que je balance dans mon choix ? De votre côté, Mademoiselle, si vous pouvez prendre assez sur vous-même pour traiter avec quelque bonté un homme qui s’est trouvé, comme il ne le désavoue point, mais sans le vouloir, & sans avoir pu l’éviter, dans l’embarras de ce qu’on pourroit nommer un double Amour, vous lui imposerez, par cette grandeur d’ame, des obligations dont sa plus parfaite tendresse ne sera jamais capable de l’acquitter.

Il m’a présenté alors la Lettre. J’y ai déja répondu, a-t-il ajouté, & j’ai fait connoître à mon Ami, que m’étant offert à la plus aimable personne de l’Angleterre, & la plus digne de l’amitié de sa Sœur, mes offres n’ont pas été rejettées. Votre bonté, Mademoiselle, m’autorisera, j’ose l’espérer, à leur en donner de plus fortes assurances : ils ont celle d’établir une partie de leur bonheur sur le mien.

Avec une santé assez foible auparavant, j’ai craint plus d’une fois, ma chere, de m’évanouir pendant son discours. Ma