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du Chev. Grandisson.

l’égard de son caractere, je dois dire que de tous les Anglois que j’ai rencontrés dans mes voyages, il n’y en a point dont la conduite & le bon naturel m’aient inspiré plus d’estime & d’amitié. La justice & mon inclination m’obligent également de lui rendre ce témoignage. Quel seroit mon chagrin, s’il s’étoit démenti pour vous, & si ma Sœur avoit oublié ce qu’elle vous doit !

Votre bonté vous fait ajouter que mon retour augmentera vos forces : que le Ciel m’ôte les miennes, qu’il me prive à jamais du pouvoir de faire du bien, soit à moi, soit à ceux que j’aime, si j’oublie, ou si je cesse d’honorer & de respecter le plus indulgent de tous les pères ! Je suis, &c.

Charles Grandisson.

Que dites-vous, Lucie, de cet admirable jeune homme ! Mais observons qu’il promet, à son retour, d’ouvrir le fond de son cœur, & que jusqu’alors il demande que le Traité qui le regarde soit interrompu. Ah, ma chere ! quel pourroit être l’espoir d’une nouvelle connoissance, dont le cœur se seroit mal défendu ? Considérons : si le Chevalier Grandisson étoit actuellement marié, cet obstacle ne donneroit-il pas à une femme raisonnable la force de surmonter sa passion ? Il n’est donc pas impossible d’en triompher : & si celle, qui croit la victoire possible dans une supposition, y trouvoit de l’impossibilité dans une autre,