Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/389

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
179
du Chev. Grandisson.

pour Londres. Ne pouvant être heureux dans lui-même, il va se procurer le plaisir de contribuer au bonheur des autres. Il en jouit comme eux. Quel présent du Ciel, qu’un cœur bienfaisant ! Que toutes les disgraces possibles tombent sur un homme de ce caractere, elles ne le rendront jamais tout-à-fait malheureux.

Samedi à Midi.

Sir Charles est parti, & je sors d’un long entretien avec Mylord L… & les deux Dames. Que direz-vous, Lucie ? Ils sont tous persuadés que le grand combat de Sir Charles, sa peine la plus vive, vient de… Son grand combat (en vérité je ne sais ce que j’écris… mais je n’y changerai rien, ma chere) est, ou vient, n’ai-je pas dit ? d’un partage entre sa compassion pour la malheureuse Clémentine & son amour pour une autre.

Mais qui se contentera de la moitié d’un cœur, tout grand, tout vif & tout sensible que je suppose le sien ? La compassion, Lucie ! La compassion du cœur de Sir Charles ! Ce ne peut être que de l’amour. Et n’en doit-il pas à une femme de ce caractere ? Vous-même, Lucie, n’êtes-vous pas pénétrée de compassion pour la malheureuse Clémentine ? Quelle fatalité dans son amour ! Elle aime, contre sa Religion, c’est-à-dire, contre son inclination, du moins à cet égard, un homme qui ne peut être à elle sans blesser