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du Chev. Grandisson.

m’avoit faits. Avant son départ, il a fait demander la permission de ne pas venir pour dîner. Qu’il est à plaindre ! Quelle doit être son affliction ! N’être pas en état de nous voir, de s’asseoir avec nous ! Je me serois excusée aussi, dans le désordre où j’étois encore. Mais on a refusé d’y consentir. Je suis descendue ; je me suis mise à table. Que le tems du dîner m’a paru long ! Les yeux des Domestiques m’étoient à charge. Ceux d’Émilie ne me gênoient pas moins, brillans de curiosité comme je les voyois ; sans qu’elle sût elle-même pourquoi, mais par une espèce de sympathie apparemment, & dans la seule supposition que tout n’alloit pas à son gré.

Elle m’a suivie, lorsqu’elle m’a vu remonter à ma chambre. Un mot, ma chere Miss Byron (en tenant la porte d’une main & passant seulement la tête pour me voir.) Dites-moi qu’il n’y a point de mésintelligence entre vous & mon Tuteur. Je ne vous demande qu’un mot.

Non, ma chere, il n’y en a point. Non, non, ma chere Émilie !

Le Ciel en soit loué ! (en joignant affectueusement les deux mains.) Le Ciel en soit loué ! Si vous étiez mal ensemble, je n’aurois pas su pour qui prendre parti. Mais je ne veux pas vous interrompre. Je me retire.

Demeurez, demeurez, ma chere petite amie ! demeurez, ma bonne Émilie. Je suis