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Histoire

la malheureuse Clémentine ; car, ne concluez-vous pas de tout ce que vous avez lu, qu’il est arrivé quelque chose de Boulogne ?) & me soutenant sur les bras de Miss Grandisson, je me suis hâtée de sortir de la Bibliotheque, pour monter à ma chambre. Miss Grandisson vouloit me suivre. Non, non, lui ai-je dit ; laissez-moi, laissez-moi pour un quart d’heure. Je vous rejoindrai moi-même dans votre cabinet.

Elle a eu la bonté de se retirer. Je me suis jettée dans un fauteuil. Je me suis abandonnée quelques momens à mes larmes, & j’en ai tiré assez de soulagement, pour recevoir les deux Sœurs, qui sont venues, en se tenant par la main, dans l’impatience de me consoler.

Mais je n’ai pu leur raconter, avec la moindre liaison, ce qui venoit de se passer : je leur ai dit seulement que tout étoit consommé ; que leur Frere étoit digne de pitié ; qu’il ne méritoit aucun blâme ; que si elles vouloient m’accorder quelques heures pour me rappeler ce que j’avois entendu de plus touchant, je les rejoindrois, & qu’elles en auroient un récit plus exact. Elles m’ont quittée, lorsqu’elles m’ont vue un peu plus tranquille.

Sir Charles est sorti dans son Carrosse, avec le Docteur Barlet. Il s’est informé plusieurs fois de ma santé, en disant à sa Sœur Charlotte, qu’il craignoit de m’avoir causé trop d’émotion par les tristes récits qu’il